Pontevès Millénaire

Heureusement pour Pontevès, Guillaume de Jerphanion, villageois, ancien maire et historien, a pris l’initiative de creuser dans les archives départementales à la recherche de la première mention de Pontevès. Dans un premier temps, il s’est concentré sur un document daté de 1080, identifié en 1857 par Guérard, un historien du 19^e siècle. Mais il s’est avéré qu’il s’agissait simplement d’une copie issue d’un texte original. Ce dernier, rédigé en 1021, a été transporté de Barjols aux archives monastiques de Saint-Victor à Marseille, où il a été ensuite intégré à un texte complet décrivant la région dans son ensemble.

L’excellente publication écrite par Flore Naudin, Pontevès – Terre des Bessillons 1920-1960 (Varages, 2013) explique :

Personne ne connaît l’origine exacte du nom de Pontevés. L’atlas historique de Provence le classe dans les noms d’origine pré-gauloise, mais ses habitants se plaisent à dire qu’il est un hommage rendu aux trois ponts surplombant le Fauvery — Garbelle, le Pont de la gare et celui des Abréguiers — car ce sont les seuls accès au village.

Historiquernent, son nom est consigné pour la première fois en 1021, dans les chartes de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Cette année-là, le seigneur Arbert et son épouse Aldagarde donnent aux moines marseillais des biens qu’ils possèdent dans le territoire de Pontevès, au lieu–dit “Barjols”.

En 1057, leur fils Foulques offre à l’abbaye l’église Sainte–Marie, située dans le même territoire. C’est un personnage dont il faut se souvenir, car c’est le premier de la lignée à prendre pour patronyme le nom du village : les “de Pontevès” naissent avec lui. Cette famille est l’une des plus puissantes de Provence.

L’année 1021 marque donc la première mention documentée de Pontevès, bien qu’il s’agisse du nom donné à une région inhabitée et à une rivière (aujourd’hui le Fauvery). Des projets ont été mis en œuvre pour célébrer ce millénaire en 2021. Mais le Covid a frappé. Ainsi, de manière peut-être unique, le village a célébré son millénaire 1001 ans après sa “naissance”.

Mais le développement du village n’a pas toujours été linéaire. En particulier, la peste du 14^e siècle a contribué à éliminer toute la population. Comme l’a écrit Naudin :

Au XIIIe siècle, les Pontevès font bâtir des remparts à l’intérieur desquels se tapissent les maisons. Le village est prospère, ses seigneurs créent une nouvelle zone d’habitation à l’est du village : la Bastide de Pontevès, qui comptera 150 habitants. Mais dans la deuxième moitié du XlVe [siècle], tout bascule. La grande peste de 1348, suivie de troubles liés à la succession au Comté de Provence, vident la Bastide puis le village de leurs habitants. En 1384, il n’y a plus âme qui vive dans la première, en 1433, le deuxième est déserté. Pontevès est inhabité jusqu’en 1477, où Bertrand de Pontevès souhaite repeupler son village. Il offre aux habitants de Montegrosso, petit village du diocèse d’Albenga (en Italie), de s’installer sur ses terres, obtient du Roi René une exemption d’impôts sur plusieurs années ; la charte est signée. Une trentaine de familles s’établit, le village renaît de ses cendres.

Depuis 2015, les villages de Montegrosso et Pontevès sont jumelés. Des échanges réguliers se font entre les deux communes. Le maire et quelques personnes de Montegrosso ont participé aux célébrations du millénaire, et notamment à la reconstitution de l’arrivée des Montegrossini en 1477. De leur côté, des membres de la famille de Pontevès sont venus de Paris pour participer à la fête.

Pontevès est un petit village provençal typique. Si vous circulez sur l’EV8 et que vous avez le temps, cela vaut la peine de faire un détour par la boucle de Pontevès pour le visiter. Le village est particulièrement animé le vendredi matin, lorsque le marché envahit la place du village.